Dans le département de la Drôme :
Générations représentées sous forme de tableau :


Leurs enfants :

Nous sommes sous le règne du roi Louis XV. Le 25 octobre 1722, celui-ci est sacré Roi de France à Versailles. Entretemps, l’enfant a été confié à son grand-oncle, le duc d’Orléans, régent du royaume. Mais ce n’est qu’en 1743 que le roi gouverne seul, à la mort du cardinal Fleury.
Par ce nouvel article je quitte la paroisse de Saint-Clément pour entrer dans la paroisse de Mercurol.
Les enfants de Jean -encore un ‘Jean’- (mon Sosa 128) naissent dans cette paroisse, baptisés dans l’église Saint-Anne. Ceux sont respectivement Catherine, née du premier mariage de Jean avec Louis Bélier, Antoine, Marie, Jean-Antoine, François et Louis nés de la seconde union avec Marie Anne Robin.
Au point de vue féodal, Mercurol était un arrière-fief de la baronnie de Clérieu appartenant dès le XIe siècle à une famille de son nom et dont une partie passa vers le milieu du XIIIe aux Claveyson, qui acquirent ensuite toute la terre. Les Claveyson s’étant éteints en 1440 chez les Hostun, ceux-ci portèrent en 1615 Mercurol en mariage à la famille Lionne, qui le vendirent en 1753 aux D’Urre, ses derniers seigneurs.
La population de Mercurol se composait de 100 ménages en 1688.
« A l’extrémité d’une crête isolée par un fossé, dominant le village, donjon quadrangulaire (avec deux fenêtres romanes), et reste de courtines. Le château est cité en 1064 et 1150 aux mains des seigneurs de ce nom, vassaux des barons de Clérieu. Accrochée au château, reste de l’enceinte du village. Blanchelaine, ancienne maison-forte des nobles de ce nom, bâtie vers la fin du XVème siècle ».[2]
Le 08 octobre 1737 Marie Popon de Letang, native de Blanchelaine, âgée de 15 ans, fille d’Etienne Popon de Letang et de défunte dame Catherine de Semons demeurant à Tain, intègre le couvent des Visitandines de Valence.[1]
[1] 5 Mi 379/R3 (1737/1788), (vue 3), AD26
http://www.mercurol.fr/lhistoire-du-village.html photographie de l’année 1914 :

Jusqu’à la guerre de 1914-1918 la France est à 85 % rurale. Les liens familiaux déterminent les métiers ; Jean a repris le métier que son père : celui de travailler la terre. Cependant il existe des différences de niveau social :
Dans une comparaison de deux inventaires : « Un exemple de ce que furent les progrès de la production agricole et l’amélioration des conditions de vie (le confort mis à part) dans les campagnes françaises entre le règne de Louis XIV et celui de Louis XV /ce n’était plus la même incertitude du lendemain que quelques décennies auparavant ».[3]
Les manques possibles d’actes de contrats de travail avant l’année 1741 sont le fait d’une tâche trop ardue pour moi d’aller explorer tous les registres des notaires situés autour du village d’origine de mes aïeuls.
Dans le contrat de mariage avec Louise Bélier il est écrit que Jean, habitant Chavannes, y est au service de Jean Sonier granger du notaire Jean Bossard.[4] C’est là qu’il rencontre sa promise Louise, elle-même travaillant dans ce lieu et l’épouse à Chavannes le 20/06/1741.
En 1743 je le trouve laboureur avec un grangeage pour six années, à mi-grains, mi-fruits, dans le mandement* de Chantemerle (les Blés) pour le bourgeois Jean-François Bégot.[5]
*mandement : circonscription territoriale organisée autour de la motte castrale.
A sa deuxième union il habite Saint-Clément[6]; le mariage se déroule le 03/08/1745 dans le village : les parents de la mariée s’y s’étant installés. Son frère François est témoin et habite également Saint-Clément.
En 1753 Jean est présent soit dans la paroisse de Saint-Clément soit dans la paroisse de Mercurol où témoin d’une agression il témoigne « Etant dans le bois du sieur Galix* notaire au même lieu ».
*Il s’agit de Claude Gallix. Voir mon écrit : ‘Agresseur : profession notaire’ paru le 15 mars 2023.
A certaines périodes de l’existence de mon aïeul la météorologie n’est pas favorable :
« Le 27 février 1748, il tomba une si grande quantité de neige qu’on fut obligé de décharger les toits des maisons, puisqu’il y en avait trois pieds en pleine campagne. Elle resta tout le mois de mars et ne fut fondue que dans le mois d’avril. Il fit un froid si excessif qu’il gela jusqu’en mai ». Et « Il fait un froid si rigoureux pendant le mois de janvier 1755 que le Rhône se prit vis-à vis de la terrasse des Capucins, et plus de 3000 personnes le traversèrent sur la glace le 1er février ». Et encore « Le 17ème jour du mois d’avril 1758, /il tomba de la neige tout le jour. Le lendemain matin il gela si fort que la glace avait plus d’un pouce. Il tomba une si forte gelée que périrent entièrement : vignes, noyers, feuilles de mûriers et seigles ».[7]
Mon cousin Michel Giroud qui avait étudié les actes notariaux à partir du 17ème siècle n’avait pas relevé de testaments émis à cause d’une épidémie de peste dans la paroisse de Mercurol ni celle de Clérieux.
L’inventaire des biens de Jean, et d’autres personnes, effectué dimanche 16/09/1753 à Mercurol [8]:

https://remonterletemps.ign.fr/comparer : carte de l’Etat-Major (1866/1822) :

« Les paysans avaient des conditions de vie particulièrement précaires. Il suffisait simplement qu’une récolte s’annonce médiocre pour que le prix des grains qui constituaient la base de l’alimentation populaire s’envole et que les « manouvriers », c’est-à-dire ceux qui ne possédaient rien et louaient leur travail, soient au bord de la famine. Le régime alimentaire des paysans était monotone et précaire. Ils mangeaient des bouillies de céréales et des soupes de légumes, du pain surtout, très peu de viande et quasi exclusivement du porc ».[9]
Dans la hiérarchie ascendante du monde du travail respectivement je trouve le journalier, le travailleur, le granger, le ménager, le laboureur et le fermier.
A la lecture de la synthèse du patrimoine Jean n’est pas dans la pauvreté ; il hérite de son père ; (voir mon article précédent ‘ancrage à Saint-Clément’). Il n’a pas celui-ci à sa charge puisqu’il n’est pas l’héritier universel. Il travaille et ses terres doivent lui rapporter un petit pécule : si une sétérée est équivalente à environ 3000 m2 alors la superficie cultivable appartenant à Jean est de l’ordre de 75 000m2 (25 sétérées x 3000 m2).[10]
Le 02/03/1673 vente à Sébastien de Lionne, marquis de Claveyson, seigneur de Mercurol, le domaine appelé de Blanchelaine, consistant/ bastoirs à chanvre.[11]
Une autre profession apparaît, autre que celle du travail de la terre, exercée par un homonyme Jean Giroud, peigneur de chanvre, originaire de Roybon. Il se marie, habitant Saint-Donat, le 07/01/1671 avec Marguerite Brunet originaire de Beausemblant. Ensemble ils ont trois enfants Marie, Catherine et Marie.
Le 26/12/1675 Jean habite le mandement de Mercurol la maison de feu Soton, située au-dessous du chemin allant à Blanchelaine (2 E 7701 folio 51, AD26).
Le 02/05/1682 il habite la Rivière Saint-Clément et accepte un tènement au lieu de Chanos[12]. Veuf, il se remarie avec Catherine Dusserre le 04/11/1685 à Chantemerle les Blés.
Heureusement que de toutes époques existent des temps d’amusement pour se soustraire un peu du rude labeur : « De façon hebdomadaire, la messe paroissiale du dimanche ouvre souvent des rassemblements villageois sur la Grand-Place ou dans les cabarets. Si les journées de travail sont longues et le loisir quotidien rare, les occasions de festoyer sont nombreuses. Leur nombre varie selon les régions, mais en comprenant les dimanches, on ne compte en moyenne pas moins de quatre-vingt-dix jours chômés (le nombre allant d’abord croissant au XVIe siècle, avant de s’amenuiser par la suite), soit près d’un tiers de l’année. Le jeu de quilles, les boules, le jeu du plus près du couteau, la raie du van, le picquarone, le bouclier, l’épée à deux mains, les poulies, les noix, la grille sont autant de jeux parmi d’autres de leur temps/. Ces jeux permettent aux jeunes gens de se défouler et de se distraire ».[13]
Un malheur arrive : Jean décède à l’âge de 49 ans ; sa femme Marie Anne est enceinte de Louis, mon ancêtre. Jean est enterré le 30/08/1756 dans le village par le curé de l’église Saint-Anne ; les témoins sont Jean Gay, Thomas Roland.
A la naissance de Louis en 1757 sa demi sœur et ses frères et sœurs ont respectivement Catherine 15 ans, Antoine 11 ans, Marie 8 ans, Jean Antoine 6 ans, François 3 ans.
Marie Anne Robin ne peut guère demander l’aide de sa mère Jeanne Chaléat, celle-ci décède en 1725.
Quelques années plus tard :
« Dès qu’ils ont six ans, les enfants se voient confier des tâches de proximité, comme la garde du cochon quand on le sort au « commun », l’entretien du poulailler, la garde de brebis et de vaches quand elles ne sont pas confiées au berger pour la pâture. Vers douze ans, on les place comme apprenti ou comme aide, qui chez un tisserand, qui chez un autre laboureur/Ils ne sont pas payés mais simplement nourris et logés. Vers seize ans, ils commencent à recevoir un modeste salaire, versé à leur père qui s’en sert parfois pour éteindre ses propres créances mais surtout pour constituer un pécule à ses enfants en vue de leur mariage. Vers dix-neuf ou vingt ans enfin, les enfants rentrent au chazal paternel ou fraternel, travaillent à son profit jusqu’à leur majorité puis quittent la maison en emportant leur part de pécule quand ils n’ont pas la chance d’être l’héritier ».[14]
Le 04/01/1769 Marie Anne se remarie avec François Rama à Chanos Curson où elle habite.[1] Tous deux sont veufs.
Le 25/08/1785 Marie Anne, veuve Giroud, journalière, habitant Mercurol, par un traité avec François son frère et son père également nommé, récupèrera sa part d’héritage provenant des biens de leur mère Jeanne, d’un montant de 99 livres 19 sols, sommes étalées sur plusieurs années, pour elle et Jean-Antoine, son fils co héritier.[15]
[1] 2 E 7824 folio 1189, vue 476, AD26
Le décès d’Anne Marie, ménagère, est constaté le 29/01/1790. Elle a 69 ans ; ses fils Jean (Antoine) et François sont présents à son enterrement. Pas de trace du décès de son second mari.
Louis son dernier fils avait déjà quitté Mercurol à cette date. Je lui consacre le chapitre suivant.
[1] Page 242, tome 6, Saint-Clément par A. de Gallier, Société d’archéologie et de statistique de la Drôme, AD26
[2] Page 746, dictionnaire des châteaux et des fortifications du Moyen-Age en France
[3] Page 8, René Neboit-Guilhot, revue origines ardéchoises numéro 62 de 06/2012
[4] 2 E 9251 du 06/05/1741
[5] 2 E 7786 folio 212 du 19/02/1743
[6] Contrat de mariage 2 E 23174, folio 161 du 11/07/1745
[7] Page 242, 246, 270, la vie dans le Valentinois sous les rois de France -1500 à 1790-, de André Blanc, édition A. et J. Picard, année 1977
[8] folio 133 et 193 : répertoire des fonds roturiers de la paroisse de St Clément, archives communales de Mercurol
[9] http://www.vousnousils.fr/2016/11/18/comment-vivait-on-au-xviiie-siecle-596029
[10] Page 19, revue origines ardéchoises numéro 21
[11] Page 253, tome 6 par Anatole de Gallier, Société d’archéologie et de statistique de la Drôme, AD26
[12] 2 E 7704, 2 Mi 4633/R1 folio 42
[13] Page 3 et 14, loisirs populaires et évolution des pratiques sous l’Ancien Régime (XVIe/XVIIIe siècle) par Damien Accoulon, Université de Strasbourg, année 2010/2011
[14] http://christophe.chazot.pagesperso-orange.fr/famille_biens_thoras.htm
[15] 2 E 23182 folio 160, AD26
peut-être que je ne vous réponds pas d'avoir pris le temps de lire mon article la raison en est que je ne sais pas toujours comment procéder sur mon blog pour vous remercier