Soulèvement de Lyon en 1793

Pour le lien avec le département de la Drôme :

Le 12 juillet 1793, un décret de la Convention déclare la ville de Lyon en état de rébellion contre la République et requiert contre elle une force armée.

Comment l’Histoire en est-elle arrivée là ?

Le Jacobin Joseph Chalier, est officier municipal lyonnais depuis 1790, avec cependant une suspension de ses pouvoirs au cours de l’année 1792. Il est en désaccord avec Roland, modéré, ministre de l’Intérieur. C’est un révolutionnaire violent verbalement dépassant les limites de ses attributions. À nouveau rétabli dans son poste, il fait régner la terreur jusqu’en 1793. 

« Il est habité par l’idée que Lyon est une ville réactionnaire, voire contre-révolutionnaire, qu’il faut la nettoyer de tous les aristocrates, muscardins et accapareurs, bref de tous ses riches dont font partie les marchands-fabricants, rouages essentiels de la société lyonnaise ».

Chalier n’a pas saisi l’âme de la cité de la soie : « Si la Fabrique est le lieu d’affrontement tarifaire entre les marchands fabricants et les travailleurs de la soie dont les luttes au cours du XVIIIe siècle ont dû laisser des traces au sien de la profession, il existe cependant une réelle solidarité professionnelle, reposant sur la complémentarité économique entre le corps des marchands-fabricants et le monde des maitres et compagnons. En ignorant cette curieuse alchimie sociale, voire même en cherchant à la détruire, les « Chalier » déclenchent chez les Lyonnais une réaction violente de rejet qui aboutit au soulèvement sectionnaire du 29 mai au cours duquel la mairie est prise et les dirigeants du mouvement des « Chalier » sont mis en fuite ou en prison ».[2]

Lyon est une ville politiquement modérée qui valorise la défense des libertés individuelles et économiques. Aussi préfère-t-on s’allier aux royalistes en la personne de Précy, chef militaire plutôt que Chalier et ses amis, fauteurs de troubles, d’affrontements civils. 

Joseph Chalier est guillotiné le 16 juillet.

L’annonce de cette exécution provoque la rupture entre Lyon et la Convention et accentue le caractère contre-révolutionnaire de la révolte lyonnaise. 

La Convention décrète le siège de la ville qui débute le 9 août 1793 et continue jusqu’à la reddition le 9 octobre.

Il s’ensuit des représailles terribles par la Commission de justice populaire, « au nom de la Liberté ». Jusqu’en avril 1794, plusieurs centaines d’habitants, de toutes conditions sociales, sont condamnés à mort, guillotinés sur la place des Terreaux ou fusillés aux Brotteaux.

« On n’aura, maintenant, plus besoin d’aller plonger les enragés à la mer, pour les guérir de leur frénésie ; un seul petit tour de guillotine, et ces bêtes carnassières ne mordront plus ».[3]

Dans la liste des exécutés, figurent de modestes individus originaires de la Drôme dont Jean-Nicolas Reynaud « chapelier, habitant Lyon, né le 6/12/1764 à Valence, âgé de 27 ans, guillotiné le 26/12/1793 pour le motif de canonnier, contre-révolutionnaire, provocateur au meurtre », fils de Claude, garçon cuisinier et de Marguerite Farjon, mariés à Valence le 19/09/1747. 

Aux pages 387 et 508 de l’ouvrage « Victimes et martyrs de la Révolution française en lyonnais Forez et Beaujolais » d’Antonin Portallier (Gallica), apparaît le nom d’Antoine-Alexandre Rey « rentier, né à Valence, demeurant à Lyon, condamné par la Commission Révolutionnaire de Lyon et fusillé le 26 frimaire an 2 (16/12/1793) aux Brotteaux pour le motif de grenadier et contre-révolutionnaire ». 

Né le 21/08/1758 à Valence, il est fils de François Rey du Mouchet, trésorier en la généralité de Grenoble et de Marguerite Servant. Écuyer, seigneur du Mouchet, il se marie le 20.10.1789 à Lyon, paroisse Saint-Nizier avec Marie Louise de Mazenod de Saint-Thomas.

Il a pour ancêtre un avocat au présidial de Valence, docteur en droit, professeur à la faculté de Valence, d’où sa noblesse dite de robe. [4]

« Marie-Alix de Rostaing, mariée en 1709 à Louis-François de la Baume, comte de Suze, fut à son tour dame du Mouchet. Son fils Louis-Charles de la Baume-Suze vendit le fief, le 21 février 1759, à notre François Rey, trésorier de France en la généralité de Grenoble, qui obtint un arrêt du parlement de Dauphiné le maintenant en possession de l’étang dit du Milieu, pour une contenance de 18 sesterées, avec défense aux habitants des communautés de Chavannes et de Marsas d’y faucher l’herbe et d’y faire paître leurs bestiaux /… Alexandre Rey du Mouchet, garde-du-corps, fils du trésorier de France, périt au siège de Lyon, laissant veuve Mlle de Mazenod, remariée quelques années plus tard au comte de Saint-Vallier, pair de France, fils du dernier seigneur de Clérieu ». [5]

Pour en savoir plus sur le domaine du Mouchet à Chavannes, voir « L’étang du Mouchet », étude historique par Stéphane Mourier, mis en ligne par l’Association pour la sauvegarde du patrimoine de l’Herbasse, collection 2009/2010.


[1] Victimes et martyrs de la Révolution en Lyonnais, Forez et Beaujolais, par A. Portallier, pp. 289 et 511, Gallica.

[2] Persée, Mémoire et identité politique : l’exemple de la Révolution à Lyon in Annales historiques de la Révolution françaises, n°305. 1996, Benoît Bruno, p. 6 et 9.

[3] Compte-rendu aux Sans-culottes de la République française, p. 5, Gallica.

[4]Généanet, avec l’aimable autorisation de Thierry Champel

[5] Essai historique sur la baronnie de Clérieux, par Anatole de Gallier, p. 156.

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