Dans le département de la Drôme :
Dans la première partie de mon article ‘Balme creusée, descendance créée’ je nomme le mariage de Louis Giroud avec Marie Anne (Marianne) Ramat.
Les parents de Marie Anne sont Jean Ramat, journalier, et Jeanne Desfrançois, mariés le 13/01/1756 à Saint-Barthélémy de Vals ; présence d’un contrat de mariage sans dot 2 E 7805 du 22/11/1755.
Dans le département de la Drôme les ‘Ramat’ se situent principalement à Albon, en grande majorité dans la paroisse Saint-Romain, par des naissances qui débutent pendant l’année 1674.
Les Desfrançois se situent à Saint-Barthélémy de Vals, également dans la Drôme, par des naissances qui débutent pendant l’année 1682.
Des Ramat, beaucoup sont originaires de l’Ardèche de la paroisse de Saint-Victor. Le re mariage de la mère de Louis avec François Ramat en est un exemple par son origine de Saint-Victor : un lien certainement lointain avec la famille de Marie Anne. Le nom peut s’écrire Rama ou Ramat ou Ramas.
Jeanne est originaire de la paroisse de Lemps, hameau Tinal (vérification de son nom avec le fascicule ‘Listes des communes/paroisses’ édité par la Saga).
https://remonterletemps.ign.fr/comparer, cartes IGN :

La famille Ramat est installée depuis des générations à Saint-Victor. J’émets l’hypothèse que c’est la misère qui oblige à l’émigration. J’évoque ce sujet dans mon écrit ‘Déplacements de mes ancêtres des hauts plateaux à la vallée du Rhône’.
Les premiers Ramat et Desfrançois traversent le Rhône au niveau de la ville de Sarras pour rejoindre ensuite Saint-Barthélémy de Vals :
Carte de la couverture du cahier de Mémoire d’Ardèche et Temps Présent numéro 151, 2021 :


1758 : « Cette année, l’argent étant fort rare à cause de la guerre qu’avait le Roy de France avec l’Angleterre et le Roy de Prusse. Les impôts étaient très forts pour soutenir cette guerre par mer et par terre. Toutes ces calamités produisirent beaucoup de pauvres. Beaucoup de familles lesquelles quoiqu’elles eussent des domaines mourraient de faim et étaient obligées de mendier leur pain ne trouvant pas à vendre des terres et autres effets à cause de la rareté de l’argent – registres paroissiaux de Crépol ».[1]
Vient le temps des déplacements au gré des contrats de travail ; je m’appuie sur les actes de naissance de leurs enfants qui sont au nombre de huit[2]: après Saint-Barthélémy de Vals, le couple fréquente les paroisses de Saint-Vallier, Mercurol, Chanos-Curson et Clérieux.
Jean-Louis Ramat (fils de Jean et de Jeanne Desfrançois) nait en 1768 à Chanos-Curson où habitent Marie Robin, mère de Louis et François Ramat beau-père de Louis. Les deux familles Ramat se fréquentent -elles ? Louis a 11 ans et sa future femme 12 ans.
En 1770 Jean Ramat et sa famille s’installent définitivement à Clérieux.
Leur fille, Virginie, âgée de trois ans et demi environ, se noie dans le béal* des Fabriques le 07/10/1774.[3]
*pli en creux d’un terrain qui devient ruisseau en cas de pluie. Servait souvent de limite séparative entre pièces de terre et apparaît dans la définition des confronts.[4]

https://remonterletemps.ign.fr/plan IGN :
3 P 2247/5, section C2, Saint-Bardoux, Péanez, AD26 :

Jean Ramat père achète un bien pour une valeur de 160 livres : une vente effectuée par François Bossan enregistrée chez le notaire Berard à Saint-Donat[5]. Le 01 frimaire de l’an X (22/11/1801) son fils Jean doit finir de rembourser cet achat pour un montant de 40 livres tournois : il s’en acquitte en en monnaie métallique : Le décret du 24 août 1793 introduisit le système décimal (1 livre = 10 décimes, 1 décime = 10 centimes).[6] En l’an IV le prix moyen du franc métallique est de 220 livres (cours du Louis à la Bourse de Paris, les 6 et 7 pluviôse de l’an IV).
Le 08/03/1788 Jean (père) décède : le curé a écrit ‘habitant dans une beaume* qu’il s’est creusé prise au-dessus du chemin du domaine de Saint-Roméane’.[7] *NDLR ou balme
« La balme d’habitation est une grotte creusée dans la molasse, formée d’une seule pièce, où tout le monde vit entassé. Ce ceux les plus pauvres des habitants d’un village qui y résident ».[8]
Ce qui ne veut pas dire que Jean vit dans une beaume. L’état des propriétés non bâties et bâties débutant en septembre 1824 je n’y trouverai pas de relevé à son nom qui confirmera ou informera qu’il vit soit dans une grotte soit dans une maison et rechercher l’acte d’achat cité ci-dessus est trop fastidieux chez un notaire qui travaille avec tous les villages autour de sa ville.
En l’an VIII Louis Giroud décède brutalement. Il a 43 ans. Je ne trouve pas l’inscription de sa mort dans les tables des décès (appelées plus tard tables des successions et absences),[9]
Les matrices des dites propriétés foncières détaillent les acquisitions de Louis : un jardin, une maison (parcelle 260) au lieu-dit Peaney.[10]
Pour vérification de l’achat de ladite maison je recherche son nom dans les tables des nouveaux possesseurs et dans la table des acquéreurs période débutant en 1774 finissant en 1800 : je ne le trouve pas.[11]
Louis mort en 1800, Marie Anne Ramat non décédée encore en 1824, le nom inscrit dans les matrices est-il d’office celui de l’époux même s’il s’agit de la succession de son beau-père ? J’en déduit alors que l’achat s’est effectué par la famille Ramat bien avant la venue de Louis.
Cependant, sur la matrice des propriétés foncières, arrêtée à la date du 28 septembre 1824, qui contient son patronyme, des lignes apparaissent : terres labourables aux Voleyses et à Saint-Bardoux encore terres labourables et bois et taillis.[12]
Le processus de concentration des terres au profit des plus riches a été arrêté à la Révolution ;
Grâce aux partages des communaux et aux spéculations qui ont suivi, le nombre de propriétaires s’est accru ; à son activité de cultivateur et celle de garde-champêtre mon ancêtre acquiert un patrimoine.
Marie Anne doit travailler : elle est journalière ainsi qu’il est noté dans la table des successions et absences à son décès le 16/05/1831 à Clérieux[13] :

« Indigente n’a absolument rien laissé » pourtant au 28/09/1824 dans ces mêmes matrices des propriétés foncières, je retrouve une inscription, pour Marie Anne veuve Giroud, qui dit qu’elle est propriétaire d’une parcelle de terre labourable au lieu-dit Peaney[14] :

« Posséder un lopin de terre ou une masure, est pour l’indigent l’assurance d’être secouru car il les lèguera à celui qui l’hébergera en échange de bons soins qu’il espère recevoir. C’est la contrepartie ; on n’a rien sans rien ». [15]
Elle ne finit pas son existence dans un hospice[16], mais dans sa maison d’habitation, comme indiqué sur son acte de décès[17].
Localisation de l’emplacement du hameau Péanez situé au nord du village et regardant vers la commune de Saint-Bardoux :
Au 03/06/1819, 19/07/1886, 3 P 2247/1, AD26 :

Au 3 juin 1819, 3 P 2247/5, AD26 :

[1] Page 63, Autrefois Primarette de -121 à 1890 une commune du Viennois par Andrée Collion
http://voyeaud.org/Travaux/Livres/Primarette/Primarette.pdf
[2] Recherches effectuées dans les fascicules d’Egda 234 J, AD26
[3] Vue 134, Clérieux, période 1761/1793, AD26
[4] Page 17, revue origine ardéchoise numéro 38
[5] 2 E 24336, folio 45, AD26
[6] https://essentiels.bnf.fr/fr
[7] Vue 244, Clérieux, période 1761/1793, AD26
[8] Les structures familiales et les rapports inter générations dans deux localités de la Drôme : Chantemerle Les Blés et Mirabel Les Baronnies de 1650 à 1789 de I. Dumas et S. Plagiau, BH, AD26
[9] 3 Q 9896 (1791/an X), vue 41 et vue 96, bureau de Romans, AD26, dans le 3 Q 9897 (an X/1806) vue 31
[10] 3 P 671, AD26
[11] 2 C 1721, 2 C 1722, 2 C 1723 et 3Q 9962, bureau de Romans, AD26
[12] 3 P 671, AD26
[13] 3 Q 9902, période 1829/1833, vue 174, AD26
[14] Parcelle 275, 3 P 671, AD26
[15] Page 14, n° 142, revue Racines Drômoises, Egda
[16] Relevé des personnes du département décédées dans un hospice période 1818-1833, 6 M 521, AD26
[17] 5 Mi 93/R13, vue 245, Clérieux, AD26
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