Marie Louise Guillermet nait le 27 octobre 1875 comme toute la fratrie au quartier Baude de Clérieux. A l’âge de 20 ans, vivant chez ses parents, son prénom est sur le recensement de l’année 1896, en tant que cultivatrice.[1] A celui de l’année 1901 elle a quitté le foyer familial.[2]
Je la retrouve en 1901 au cloitre rue Saint-Marie[3] et en 1906 rue Saint-Antoine, au cloitre du monastère Sainte-Claire situé à Romans sur Isère [4]où elle est entrée dans les ordres religieux [5] sous l’appellation ‘sœur du Sacré Cœur’ [6].

L’effectif pour l’intervalle de date 1891-1901 est entre 28 à 31 religieuses.[7]
Les religieuses clarisses, membres de l’Ordre de Sainte-Claire fondé en 1212 par Claire d’Assise, reflète leur engagement envers la pauvreté, la simplicité et la vie contemplative. Elles appartiennent à la grande famille franciscaine. Elles s’occupent surtout d’œuvres de bienfaisance et de piété écrit Laurent Jacquot dans son article sur la loi 1901 et les congrégations religieuses de Romans.
Elles pratiquent l’abstinence perpétuelle, le jeûne durant toute l’année, le coucher sur un lit de paille piquée, le lever au milieu de la nuit, les pieds toujours nus, l’usage de la bure grossière, les prières prolongées, et forment ainsi l’ordre le plus austère qu’il y ait dans l’Eglise, ainsi nous le rapporte Ulysse Chevalier dans sa notice historique sur cet ordre.[8]
« En 1805, 11 religieuses s’installent dans un bâtiment, rue du Fuseau, puis en 1834, font l’acquisition de l’Hôtel des Allées dans lequel elles se trouvent encore aujourd’hui ». [9]
Par contre en 1895 lorsque le maire de Romans établie la liste des congrégations autorisées et celles non autorisées à être présentes dans la ville, celle de Sainte-Claire n’y est pas autorisée.
« Elles font les démarches nécessaires à leur autorisation auprès du Président du Conseil le 09 septembre 1901 ».[10]
Il est à relever que « A partir du milieu du XIXe siècle, la progression de l’usage du français va curieusement s’accompagner d’une reprise de l’écriture de la langue locale. Grâce aux progrès de l’enseignement principal véhicule du français, de larges couches de population devenues bilingues, mais qui pratiquent quotidiennement le parler local, ont appris à lire ».
Page 43, revue drômoise n°507 et 508, année 2003

Position du dit monastère de Sainte-Claire à Romans [11]:

Une des règles des congrégations religieuses :
Article 5 de la congrégation de Sainte-Claire : « Chaque dame, avant d’être engagée, peut disposer de ses biens en faveur de ses parents ou en conserver la propriété ; elle peut recueillir les successions ou héritages qui pourraient lui échoir, mais dès qu’une fille est agrégée dans la maison l’usufruit qui en proviendrait doit être versé dans la masse pour subvenir aux besoins communs ».[12]
Extrait d’un article de journal ‘Le Jacquemart’ en date du 28 mars 1901 en lien avec la congrégation du Saint-Sacrement : « …y compris le montant de la dot et du trousseau que l’exclue revendiquait et que la congrégation ne contestait pas lui restituer ».
La profession solennelle prive le religieux ou la religieuse de sa capacité à posséder des biens, car il est considéré comme mort au monde.
Les parents d’Eugénie Marie et de Marie Louise, Joseph Jacques et son épouse Marie Rose Ochier vont chez un notaire pour faire établir une donation-partage entre leurs enfants.
La distribution se présente ainsi au 17 avril 1909 [13]:

Pour Eugénie Marie et il en sera de même pour Marie Louise ET les autres enfants dont ma grand-mère Justine.
A gauche dans le registre nous pouvons lire acquisitions par donation-partage pour une somme d’une valeur de 12 600 frs ; aucun mouvement n’apparait à droite dans la colonne ‘créance’ de ce registre : les deux sœurs religieuses font-elles don à leur communauté respective de leur part d’héritage familial ?
Quant est-il des vocations volontaires et forcées dans mon arbre généalogique ?
« Les membres de la famille sont décrits comme des bourreaux excessivement peux, secondés dans leur entreprise par des membres du personnel religieux. Les prêtres usent ainsi de divers leviers spirituels (confession, direction de conscience, chantage au salut) pour précipiter les jeunes filles dans le cloître. Les parents veulent souvent privilégier un autre enfant dans la transmission du patrimoine. / La mention du manque de vocation permet d’interroger le consentement à la vie religieuse dans son articulation avec les motifs familiaux. Il faut par exemple envisager le cas de celles et ceux qui acceptent les stratégies décidées par les parents, par souci de cohésion familiale et de réussite de la maisonnée et non par adhésion à ce choix de vie ».[14]
« Tout au long du XIXe siècle, les récits de la vocation forcée comme de l’entrée au couvent manipulée participent ainsi de l’idée que, contrairement aux hommes, les femmes ne peuvent pas consentir à leur profession religieuse, ce qui rappelle que le consentement ‘a une valeur différente pour les hommes et les femmes’ aux yeux des sociétés française et espagnole. S’agit-il d’un moyen commode de passer sous silence le volontariat qui caractérise la grande majorité des entrées dans les ordres féminins au XIXe siècle ?[15]
Marie Louise décède le 29 octobre 1925 à Romans sur Isère, rue Sainte-Marie, religieuse du monastère de Sainte-Claire.[16]
Pour aller plus loin dans l’histoire des religieuses de Sainte-Claire :
Les tomes V, VI, VII de la Société départementale d’archéologie et de statistique en ligne sur le site :
Page 238, tome 69, le clergé de Romans pendant la Révolution française, Jean Bouvier, Société d’archéologie et de statistique de la Drôme, AD26
[1] Vue 40, 6 M 251, année 1896, Clérieux, AD26
[2] Vue 40, 6 M 251, année 1901, Clérieux, AD26
[3] Vue 405, recensement année 1901 de Romans sur Isère, AD26
[4] Vue 201/259, recensement année 1906, archives communales de Romans sur Isère
[5] Vue 116, 4 Q 5390, AD26
[6] 4 Q 24/1968, article 50, 17/04/1909, AD26
[7] Page 250, la loi de 1901 et les congrégations religieuses de Romans, Laurent Jacquot, revue drômoise n°501, 09/2001
[8] Vue 29, tome V, année 1870, Société départementale d’archéologie et de statistique
[9] Page 14, Romans sur Isère, Histoire religieuse, les couvents de Romans, Laurent Jacquot et Jacques Mazade
[10] Page 242, la loi de 1901 et les congrégations religieuses de Romans, Laurent Jacquot, revue drômoise n°501, 09/2001
[11] Page 9, les couvents de Romans, études drômoises numéro 9, 03/2002
[12] Vue 196, tome VI, année 1872, Société départementale d’archéologie et de statistique
[13] 4 Q 5897, AD26
[14] Page 24, 29, nouvelles approches du catholicisme, la fin des vocations forcées ? le consentement féminin à la vie religieuse (France et Espagne, XIXe siècle), Ines Anrich, revue d’histoire du XIXe siècle, n° 69-2024/2
[15] Page 27, nouvelles approches du catholicisme, la fin des vocations forcées ? le consentement féminin à la vie religieuse (France et Espagne, XIXe siècle), Ines Anrich, revue d’histoire du XIXe siècle, n° 69-2024/2
[16] 4 E 5775, AD26
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