Dans le département de la Drôme :
Nous sommes sous le règne de Louis XVI, né le 23 août 1754 à Versailles sous le nom de Louis-Auguste de France et mort guillotiné le 21 janvier 1793 à Paris, est roi de France et de Navarre du 10 mai 1774 au 6 novembre 1789, puis roi des Français jusqu’au 21 septembre 1792. Il est le dernier roi de France de la période dite de l’Ancien Régime.
L’armée a besoin d’hommes : « Le racolage est opéré, les jours de foire et de marché, par des sous-officiers qui dressent une estrade et attirent l’attention par une parade de roulements de tambour. On fait aux jeunes gens de belles promesses, on leur offre à boire et pour cette population encore largement analphabète le fait de trinquer à la santé du roi équivaut à un engagement. Une fois dégrisé, le jeune homme ne peut se libérer qu’en payant une somme exorbitante ou en fournissant deux hommes pour le remplacer ».[1]
Ce qui ne semble pas être le cas de mon ancêtre, je dis ‘ne pas être’ parce que le terme ‘de ma propre volonté’ est possible la formule utilisée pour la signature du document de recrutement ; recherche-t-il l’aventure ou plus justement d’amasser un petit pécule pour faire vivre décemment sa future famille ? (Voir mon article ‘première partie de balme creusée, descendance créée’).
« Je, soussigné Louis Giroud, m’engage de ma propre volonté pour servir le roi pendant 8 ans dans le régiment de Grenoble artillerie en qualité de canonnier. En foi de quoi j’ai fait ma marque sur le présent engagement. Fait à Romans le 1er décembre 1777, X, signé J. Vachier ».
« Ledit Louis Giroud a déclaré être travailleur de terre, natif de Mercurol, paroisse de Mercurol, diocèse de Vienne, province du Dauphiné, généralité de Grenoble, fils de Jean Giroud et de Marie Robin, âgé de 18 ans, taille de 5 pieds 4 pouces, * cheveux et sourcils noirs, yeux gris, nez gros et écrasé, bouche petite, visage ovale, menton rond, front couvert, marque de quelques grains de petite vérole.
Vu par nous à Romans le 02/12/1777 ».[2]
*sa taille équivaut à 162.56 cm
Sa description physique selon le texte ci-dessus que j’ai fourni à ChatGPT :

Je retrouve sa fiche militaire sur le site de mémoire des hommes, sous le nom de Giraud [3]:

Aux XVII et XVIIIe siècles les armées de l’Ancien Régime comptent peu d’hommes et sont composées essentiellement de volontaires. Le recrutement est encore une entreprise privée confiée aux capitaines, généralement nobles, propriétaires de leur compagnie. Ceux-ci reçoivent une commission du roi pour rassembler un effectif déterminé.
L’armée française comptait, à la veille de la révolution française, 104 régiments d’infanterie, 62 régiments de troupes montées et 7 régiments d’artillerie, écrit page 1069 du dictionnaire de l’Ancien Régime de Lucien Bély.
En 1693 : Création à partir du Régiment des Fusiliers du Roi et en 1765 réorganisation de ce régiment en sept autres dont celui de Grenoble. [4]
A la fin du règne de Louis XVI, l’uniforme de l’artillerie est le suivant :

Habit bleu, revers, collet, veste culotte et contre-épaulette en drap bleu, parements, doublures et passepoil écarlates, boutons jaunes.[5]
Louis est intégré dans le 1er bataillon du régiment de Grenoble du corps royal de l’artillerie : compagnie Saint Vulfraut.
L’artillerie n’a pas toujours constitué un corps d’armée distinct sous l’Ancien Régime, se retrouvant mêlée aux régiments d’infanterie précise le site Mémoire des Hommes.
« Le Corps-Royal d’artillerie est maintenu à part et chargé du service des arsenaux et manufactures en temps de paix et de l’encadrement des pièces de siège et de place en temps de guerre.
Les guerres des XVIIe et XVIIIe siècles furent pour l’essentiel des guerres de siège. L’artillerie, que met en œuvre cette tactique, est composée de canons longs et lourds : ils doivent dépasser l’épaisseur de la muraille pour les assiégés, et pour les assiégeants posséder une longue portée et une grande puissance de rupture ».[6]
En 1777 : « Gribeauval reconstitua son matériel d’artillerie, ramena les pièces à un petit nombre de types et en accrut la puissance. Le calibre de l’âme et celui des boulets furent exactement mesurés avec de nouveaux appareils, de sorte que l’on eut désormais des projectiles adaptés exactement aux pièces ; la portée de l’artillerie se trouva quadruplée pour les petits calibres ; l’invention de la vis de pointage et de la hausse mobile permit une plus grande précision dans le tir. L’attelage des pièces fut perfectionné, de façon qu’on put leur faire franchir des obstacles, et tirer au besoin sans dételer. L’artillerie française devint, grâce à lui, la première du monde ».[1]
[1] Page 55, chapitre III, livre premier, Louis XVI et les essais de réforme, les réformes dans l’armée et la marine (1774/1789), histoire de France, E. Lavisse
Voici comment se présente en l’année 1772 ledit régiment [7] :

A la lecture du registre qui contient la fiche militaire de mon ancêtre un soldat de la même compagnie que lui, originaire du département des Hautes-Alpes, décède le 06/10/1777 à l’hôpital d’Haguenau en Alsace comme un autre également, originaire de l’Ardèche, y décède le 07/09/1778 (Vue 96, GR 10 Yc 18).
J’émets l’hypothèse que pendant plus d’une année Louis a stationné en Alsace.
Haguenau se situe à environ 30 kms de la frontière naturelle du fleuve le Rhin avec l’Allemagne.
https://remonterletemps.ign.fr/cartes d’Etat Major période 1866/1820 Haguenau :

Seule la compagnie du capitaine Savournin, du régiment de Grenoble, fait partie des combattants français de la guerre d’indépendance d’Amérique période 1778/1783. [8]
Je retrouve le régiment de Grenoble au 03 janvier 1779 à Dunkerque où l’artillerie y est réunie sous le commandement de Louis Augustin Lamy. [1]
« Dans la Drôme, seule Valence possède une garnison permanente : c’est, traditionnellement, le ‘Régiment d’artillerie de Grenoble’ qui recevra le numéro 4 en 1791, ainsi que l’Ecole d’artillerie qui lui est rattachée ».[1]
[1] Page 237, L’armée, les gardes nationaux et la Révolution française par Claude Magnan, numéro 450, 12/1988, Société d’archéologie et de statistique de la Drôme, AD26
[1] https://fr.wikipedia.org/wiki/Louis_Augustin_Lamy_d%27Hangest
Mon ancêtre Louis, libéré de son engagement militaire le 02 décembre 1785, revient « au pays » retrouver son épouse et où un enfant qui sera prénommé Jean-Louis naitra le 03 novembre 1787.
[1] Page 13, la grande armée par Jacques Demougin, édition trésor du patrimoine
[2] L 866, AD26
[3] Vue 96, GR 10 Yc 18
[4] http://www.drapeaux.org/France/Ancien_Regime/A_Grenoble.htm
[5] Artillerie.asso.fr/basart/article.php3 ?id article=171
[6] Page 83, la grande armée par Jacques Demougin, édition trésor du patrimoine
[7] PDF Le contrôle des troupes de l’Ancien Régime, tome 3, page 334/642, par A. Corvisier, année 1970
[8] Gallica : PDF page 23/371, les combattants français de la guerre américaine, 1778/1783
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