Eugénie Marie Guillermet nait le 05 mars 1871 à Clérieux au quartier Baude[1] dans la maison Ochier, maison (appartenant à sa maman) avec écurie, hangar puits, jardin et terre labourable de la contenance de deux hectares soixante-dix-huit ares. [2]
https://www.geoportail.gouv.fr/carte (actuelle) :

Maison d’habitation de la famille Ochier :

Au 01 décembre 1834 sur l’état arrêté de situation des écoles primaires l’instituteur laïque pour l’école élémentaire est Cyrille Charbonnier ; celui-ci n’est pas autorisé à recevoir des élèves pensionnaires.
Son école est bien dirigée, la moralité est bonne où le nombre moyen d’élèves en hiver : 40 garçons, 12 filles ; pas d’élèves en été.
25 parents d’élèves payent la scolarité de leur(s) enfant(s) contre 15 enfants reçus gratuitement.
Le nombre d’enfants qui ne reçoivent l’instruction primaire ni dans les écoles publiques ni dans les écoles privées est de l’ordre de 40 garçons et 50 filles. [3]
Antérieurement son oncle Jean-Pierre a-t-il fréquenté l’école laïque ? : en 1838 nous lisons sur l’état le nom du même instituteur.
[3][1] 10 T 23/2, AD26
En lien avec la loi Falloux du 15 mars 1850 :
« Mais le curé ne doit pas se contenter d’ouvrir une école publique, il doit utiliser son traitement d’instituteur communal ‘pour faciliter l’établissement d’une école de filles dirigée par une sœur religieuse’ ». Dans un rapport sur l’instruction publique qu’il présente aux membres du conseil général de la Drôme en 1871, E. M. Madier de Montjau parle de la loi Falloux en ces termes : ‘ Que de délicates prévenances dans la loi couvée par M. le Comte de Falloux, éclose sous son aile, pour assurer à l’Eglise la haute main sur l’enseignement publique et par suite inévitable sur le pays tout entier’ ». (A)
(A) Page 26, 28 Grandeur et décadence des écoles primaires congréganistes dans la Drôme, 1833/1903, P. Debard, BH 1419, AD26
Eugénie fréquente l’école congréganiste de Clérieux qui correspondrait à celle de Sainte-Marthe* où elle y est nommée de même que deux autres élèves dans le recensement de l’année 1881.[3]
* l’école laïque et l’école congréganiste sont identifiées toutes deux au bourg, ‘l’église’ dans plusieurs années de recensement.
Ce qui me permet de les différencier c’est l’enquête initiée par l’Education Nationale en 1884 où apparaissent les noms des enseignants dans les écoles laïques.
En 1894 à Clérieux les religieuses de Sainte-Marthe, qui dirigent l’école de filles, viennent d’obtenir de brillants succès aux examens du certificat supérieur et simple.[4]
En 1891, âgée de 20 ans, sur la liste de recensement de Clérieux elle est dite ‘ouvrière en soie’ ; en 1896 son nom n’apparait plus. [5] A Romans sur Isère non plus son nom n’apparait pas dans les recensements des années 1896, 1901 et 1906 à la rue Jacquemart, adresse du couvent de Sainte-Marthe qu’elle ira rejoindre ultérieurement, [6]
Emplacement du dit couvent à Romans [7]:

En 1911 son nom est inscrit dans le recensement de Draguignan (dans le département du Var) au Couvent de Sainte-Marthe.[8] Elle est entrée en religion sous le prénom de Louise Joséphine [9]:

Complément d’information : Sainte-Marthe à Romans (1816/1907) ; succursales de Guers (Var) (1853/1854) ; Draguignan (Var) (1856/1857) ; Montélimar (1826/1845) ; Solliès-Pont (Var) (1859/1860) ; Valence (1817/1888). Source : Série V son inventaire, AD26.
L’habit de religieuse[10] :

Cette congrégation est la seule dont la maison-mère est encore dans notre ville. La fondatrice en est Edwige du Vivier, née à Romans en 1785/En 1815, elle fonde cette congrégation qui s’installe en 1817 dans l’ancien hôpital Sainte-Foy, en raison du nombre croissant de ‘novices et orphelines’. Les religieuses de Sainte-Marthe font vœu de ‘pauvreté, chasteté et obéissance’ : elles unissent à une vie active une vie contemplative. La congrégation se consacre à l’éducation des jeunes filles surtout pauvres.
L’effectif pour l’intervalle de date 1891-1901 est entre 100 et 120 religieuses.[11]
En 1895, le maire Lacoste adresse au préfet la liste des congrégations présentes à Romans, en précisant si elles sont autorisées ou non, conséquences de la crise du 16 mai 1877 : Sainte-Marthe l’est -maison mère à Romans-en date du 26 mai 1826, pas concernée par la loi de 1901.[12]
À la fin du XIXe siècle, dans un climat de tension entre l’État et l’Église catholique, la République française cherche à renforcer la laïcité et à limiter l’influence des congrégations religieuses dans les domaines de l’éducation et de la vie publique : la loi du 1er juillet 1901 qui a un impact majeur, notamment avec les lois Combes (1902-1904), qui ont conduit à la fermeture de milliers d’écoles congréganistes.
« La fortune des ordres religieux, support de leur puissance, fait l’objet de supputations souvent sérieuses : ceux qui paient leurs impôts s’inquiètent enfin de procédés par lesquels les congrégations fraudent le fisc, leur richesse immobilière aurait plus que doublé en cinquante ans. Les autorités sont attentives aux legs effectués au bénéfices des congrégations : à Romans comme ailleurs ».[13]
En 1902, à la suite des lois interdisant l’enseignement aux congrégations religieuses, les religieuses romanaises partent en exil en Italie ; elles reviennent six ans plus tard *et ouvrent l’école N.D des Champs * et l’orphelinat Saint-Yves, rue Etienne Dolet. Aujourd’hui les religieuses ne dirigent plus cette école ainsi que nous pouvons lire ces informations dans l’article paru dans la revue drômoise numéro 9 de mars 2002. [14]
*après la loi du 09 décembre 1905
La loi Combes du 07 juillet 1904 interdit aux congrégations religieuses d’enseigner.
L’école Notre-Dame des Champs à Romans [15] :

L’école Notre-Dame des Champs occupe un vaste emplacement situé entre le cours Pierre Didier, la rue Jacquemart, la place Jacquemart et la rue Bonjour.
*l’école Sainte-Marthe s’installa à Pizançon où elle prit le nom de Notre-Dame des Champs. Elle garda ce nom à son retour à Romans, en 1919, et encore aujourd’hui.
Sœur Louise Joséphine revenue à Romans sur Isère, y décède le 05 mars 1952 [16]:

[1] Vue 305/790, 2 Mi 824/R2, Clérieux, AD26
[2] 4 Q 24/1968 du 17 avril 1909, AD26
[3] Vue 23, recensement Clérieux, AD26
[4] Journal ‘La croix de la Drôme’ au 15/07/1894
[5] Vue 44 année 1891 et vue 40, 6 M 251, année 1896, Clérieux, AD26
[6] Vue 189 et suivantes, 6 M 417, année 1896, Romans, AD26, vue 133, année 1901, vue 158 année 1906
[7] Page 9, les couvents de Romans, études drômoises numéro 9, 03/2002
[8] Vue 267/305, 6 M 181, recensement Draguignan, AD83 – source : généalogie des prêtres et religieux de la Drôme, dans Généanet
[9] Vue 115, 4 Q 5390, AD26
[10] https://www.notredamedeschamps-saintyves.fr/histoire-de-notre-dame-des-champs
[11] Page 250, la loi de 1901 et les congrégations religieuses de Romans, Laurent Jacquot, revue drômoise n°501, 09/2001
[12] Idem, page 235, 237
[13] Idem
[14] Page 16, Romans sur Isère, Histoire religieuse, les couvents de Romans, Laurent Jacquot et Jacques Mazade
[15] https://www.romanshistorique.fr/romans-sur-isere-lecole-notre-dame-des-champs
[16] 4 E 8927, AD26
Vous devez être connecté pour poster un commentaire.