Claude Poulin, né le 27/04/1666 à Mercurol paroisse Saint-Anne, frère de mon ancêtre Michèle (épouse de Jean Giroud), est sur le point de partir pour l’armée après le 19/01/1701.
De crainte de laisser sa vie sur un champ de bataille ou de mourir de blessures, il teste à l’âge de 35 ans.
Dans son testament je trouve son affectation : dans la compagnie de monsieur Dallicieux du Martinat, capitaine au régiment d’Auvergne.[1]
« Ce régiment est de deux bataillons. Il fut créé sous Henri IV en 1606. Il s’appela ‘du Bourg’, du nom de son premier colonel. Ensuite ‘L’Epinasse’ en 1610 sous Louis XIII. Il eut le nom de la province d’Auvergne, avec le drapeau blanc en 1635. Il roule avec ‘Bourbonnois et Rohan’ suivant l’ordonnance du 28 février 1666.
L’uniforme est un habit complet, gris blanc, boutons d’étain plats et chapeau bordé d’argent ».[2]
Soldat français sous le règne de Louis XIV [3]:

Aux XVII et XXVIIIe siècles, les armées de l’Ancien Régime sont formées de volontaires. Le recrutement est encore une entreprise privée confiée aux capitaines, généralement nobles, propriétaires de leur compagnie, chargés d’équiper et d’entretenir leurs hommes.
Quelle raison pousse Claude à s’engager ? voir du pays ? non la réponse est dans son testament : il est question de rachat du genre humain en lien « avec la mort du seigneur Jésus-Christ, souffrir sur terre pour lui ».
Le conflit à cette période est la guerre de Succession d’Espagne « Est un conflit ayant opposé plusieurs puissances européennes de 1701 à 1713, et dont l’enjeu était, à la suite de la mort sans descendance du dernier Habsbourg espagnol, Charles II, la succession au trône d’Espagne, et, à travers elle, la domination en Europe ».[4] « La plupart des pays européens (Angleterre, Provinces-Unies, Saint Empire Romain Germanique) s’opposent à ce que le petit fils de Louis XIV, Philippe d’Anjou, accède au trône d’Espagne, prenant ainsi la tête de deux puissants royaumes d’alors, la France et l’Espagne ».[5]
Les recherches sont trop fastidieuses pour en savoir plus sur le parcours de Claude : il existe trop de registres militaires pour les régiments d’infanterie d’Auvergne (GR 1 YC 70 pour celui qui débute en 1701).[6]
Je n’ai pas de trace de son retour à Mercurol et dans la Drôme en recherchant dans les bases des décès[7] pas plus que dans les documents de l’hôtel des Invalides.
Également d’autres hommes (je n’ai pas assez d’éléments sûrs pour identifier s’ils ont contacté une union) sont dans les armées de Louis XIV, par exemple Jean Amblard dit La Croix, natif de Chantemerle les Blés, âgé de 55 ans, ayant déjà 32 ans de service, participe en 1705, aux combats, en Italie, de Castiglione, de Cassano. Il décède le 01/11/1716 aux Isles de Sainte-Marguerite (dans les Alpes Maritimes) (cote SHD/GR/2Xy19, 027288).
Ces renseignements sont fournis par l’association ‘l’Hôtel des Invalides’, indexation des fiches militaires du service historique de la Défense.[8]
« La seule institution charitable à l’usage de l’armée, qui ait réussi au temps de Louis XIV, fut l’hôtel des Invalides. Les soldats estropiés étaient jusque-là mis à la charge des monastères, où ils devaient vivre en ‘religieux lais’ ».[9]
« Pendant la guerre de Succession d’Espagne (1702/1713), Louis XIV a effectué des levées d’hommes en masse. Le recrutement se faisait par tirage au sort pour un homme par famille, âgé de 20 à 25 ans et non marié, ou par racolage avec la promesse de gain et de voir du pays ».[10]
« Les tarifs de soldes furent souvent réglés sur la hausse ou la baisse des monnaies. D’après l’ordonnance de 1663 un soldat d’infanterie recevait 5 sous (valeur 1830 = 37 centimes), un cavalier 7 sous (valeur 1830 = 62 centimes) ».[11]
Ce qui n’empêche pas les désertions : « La désertion était coutumière à des malheureux que l’on avait pris de force, et que l’on retenait souvent au-delà de leur engagement ».[12]Jusqu’en 1715 les casernes n’existent pas : « Le soldat, obligé de vivre sur l’habitant, était aussi dur au compatriote qu’à l’ennemi. Sous les armes, il pillait de droit. Déserteur ou licencié, il brigandait ».[13]
D’autres conflits étaient présents avant l’année 1701 : la guerre d’Espagne (1635/1659), à la guerre de dévolution (1667/1668), à la guerre de Hollande (1672/1678), à la guerre des réunions (1683/1684), [14]
Michel Tavervon, dit Rochefort, né le 21/11/1629 à Romans, [15] est sergent du sieur de Netz, régiment du Maine où il a servi 42 ans, porté par son certificat. Ses blessures le mettent hors de service ; cordonnier de sa vacation et est catholique. Il décède le 22/08/1695 (SHD/GR/2Xy10, hôtel des invalides).
Né en 1629, si son engagement débute à l’âge de 18 ans, cela amène à l’année 1647 jusqu’à plus 42 ans, à l’année 1689.
Ce soldat participe peut-être à plusieurs de ces batailles où, au début du règne de Louis XIV, il se sert du mousquet et de la pique comme armes dans l’infanterie.
Les divers conflits qui se sont déroulés tout le long du XVIIe siècle ont affaibli l’armée régulière du royaume et pour suppléer à l’insuffisance de volontaires le roi décide la levée de miliciens.
Sous le règne de Louis XV l’enrôlement dans la milice, de François, frère de mon ancêtre Jean, sera le sujet de mon prochain article.
Complément d’information :
« Parmi les obligations qui pesèrent sur les communautés du royaume de France à partir du règne de
Louis XIV figure, notamment pour les hommes, l’enrôlement dans la ‘milice royale’, créée en 1688, en pleine guerre de la ligue d’Augsbourg, afin d’apporter un supplément de soldats puisqu’il n’y avait pas assez d’enrôlés ni de mercenaires dans les armées du roi de France.
De ce fait, tous les hommes ayan entre 18 et 40 ans (puis ultérieurement entre 16 et 45 ans) furent inscrits sur les rôles des paroisses et, une fois par an, un certain nombre d’entre eux étaient tirés au sort pour ensuite aller servir dans cette milice pendant un temps plus ou moins long pouvant aller parfois jusqu’à cinq ans. Ces milices furent supprimées en 1697, au moment de la paix de Ryswick, puis recréées entre 1701 et 1714 lors de la guerre de Succession d’Espagne ».[16]
[1] E 2271 folio 80, AD26
[2] www.ancestramil.fr/cms/uploads/01_doc/terre/infanterie/avant_1620/dictionnaire_regiments.pdf
[3] Vue 43, PDF Gallica, histoire des armées françaises de terre et de mer de 1792 à 1833, tome 1, par Abel Hugo
[4] https://fr.wikipedia.org/wiki
[5] https://www.matierevolution.fr/spip.php?article3687
[6] www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr
[7] Association généalogique de la Drôme (Egda), 234 J, AD26
[8] https://www.hoteldesinvalides.org/format_liste.php
[9] Page 247, tome 7 partie 2ème, Louis XIV de 1643 à 1685, histoire de France, E. Lavisse
[10] Page 14, Racine Drômoise, revue numéro 111, 1er trimestre 2015
[11] Page 966 à page 1000, petit collines illustré, numéro 17, 03/2016
[12] Page 236, tome 7 partie 2ème, Louis XIV de 1643 à 1685, histoire de France, E. Lavisse
[13] La force militaire, Page 231, tome 7 partie 2ème, Louis XIV de 1643 à 1685, histoire de France, E. Lavisse
[14] https://fr.wikipedia.org/wiki/Guerres_de_Louis_XIV
[15] Paroisse Saint-Barnard GG19, vue 1176, archives municipales de Romans
[16] Page 54, enrôlement dans la milice royale, Pierre Bianco, bulletin CGMP midi Provence, n° 197
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