Mon objectif est le suivant : que devient le régiment de mon arrière-grand-père Marius Rivier après le décès de celui-ci en avril 1915 (voir mon article ‘Marius, arrière-grand-père maternel, né en Ardèche, soldat de la guerre 14/18’, que j’ai publié en octobre 2023).
A partir de l’année 1915, un autre uniforme est adopté dit ‘bleu horizon’, mis en circulation à l’automne. Pour protéger la tête des poilus, l’armée a recours à casque en acier, le casque Adrian, du nom de son inventeur[1] :

« Le général Falkenhayn avait étudié plusieurs hypothèses (Reims, Amiens, Belfort) avant de fixer son choix sur Verdun. Parmi les critères de choix nul doute que la logistique a joué un rôle considérable : si le réseau de communication est bien organisé du côté allemand, avec sept voies ferrées disponibles, il est très limité côté français ». [2]
Près de trois quarts de l’armée française combat à Verdun en 1916 (source : Mémorial de Verdun).
Le 21 février 1916, la Vème armée allemande attaque les positions françaises au nord et à l’est de Verdun.
« Pour dégager Verdun, il importait d’élargir nos conquêtes et de porter notre ligne au nord de Vacherauville, de la côte du Poivre, de Louvement, de Bezonvaux ; ce fut le but de l’offensive de décembre 1916, à laquelle le 255e participa. Le 15 décembre, à 10 heures du matin, le régiment montait à l’assaut de la côte du Poivre. Il semblait qu’une minutieuse préparation d’artillerie de cinq jours eût dû abattre tous les obstacles dont la ligne allemande était hérissée ; sur le front d’attaque du 255e, le travail de destruction avait été malheureusement incomplet / Le 16 décembre à l’aube, le 255e avait atteint tous ses objectifs ».[3]
Plan Verdun et ses alentours [4]:

Le journal des marches et opérations du 255e régiment d’infanterie relate les faits[5] :
« La situation le 15 au soir est la suivante : Nous sommes sans liaison avec le 55e qui est à notre gauche, mais nous occupons Munich à notre droite jusqu’à 8925 et nous nous relions en 9026 avec le 173e. Les 17e et 18e compagnies reçoivent l’ordre d’établir notre liaison à gauche et de progresser par les boyaux et tranchées jusqu’à Marfa, s’y établir si possible ou tout au moins établir solidement une ligne d’avant-postes au nord de la route Vacherauville-Louvement avec pour but d’encercler la côte du Poivre, le 55e à notre gauche se dirigeant également sur Marfa par la route de Vacherauville ».
Les moyens mis en œuvre pour communiquer entre les compagnies ainsi que les appuis logistiques :
Les lignes téléphoniques, quand celles-ci ne sont pas coupées par les tirs d’artillerie, les signaux optiques souvent masqués par la fumée, les pigeons voyageurs qui sont stoppés par les explosions et tirs, explique le mémorial de Verdun. Progressivement la T.S.F (Télégraphie sans fil) se développe sur le champ de bataille et même dans les avions. Plus besoin de fils.[6]
« Le décret du 28 juin 1910 et du 29 septembre 1914 organisent le recensement général des chevaux, juments mulets et mules d’âge égal ou supérieur à 5 ans. Deux grandes périodes de réquisition ont eu lieu, celle d’août 1914 à août 1915, début de la guerre des tranchées nécessitant moins de chevaux, puis celle à partir du 12 avril 1918, la guerre de mouvement ayant repris, nécessitant plus de chevaux.
Pour le transport des troupes lors des grandes offensives ; le transport des marchandises particulièrement à partir des gares régulatrices, le transport de l’artillerie légère notamment du fameux canon de 75 ».[7]
La côte du Poivre en décembre 1915 [8]:


Qui sont ces hommes enrôlés dans cette guerre ?
Ils sont âgés de 19 à 45 ans environ ; ils ont été obligés de lâcher leur métier pour enfiler l’uniforme. Se côtoient différentes classes sociales telles celles des agriculteurs, ouvriers, commerçants, artisans, employés, élèves des grandes écoles, professions libérales, les troupes proviennent de toutes les régions de France.
Fin 1914 : « Il n’y a guère plus de deux mois que ces hommes sont partis, vêtus de rouge, de bleu vifs et sanglés de cuirs brillants / Leur peau s’est hâlée, tannée, durcie ; elle colle à leurs pommettes, qui saillent sous les orbites où s’est terni l’éclat des yeux ».[9]
« Hors des temps de combat, les soldats accomplissent de nombreux travaux et corvées : une moyenne de 5 à 6 heures de travail par jour en première ligne, de 3 en seconde ».[10]
A partir du 15 février 1915 : « A l’avenir, les bataillons resteront 6 jours dans les tranchées et 3 jours au repos ».[11]
Le 24 octobre 1917 le régiment est dissous ; les hommes sont répartis dans différents bataillons.
« Il se produit dans les esprits un revirement singulier : le dogme de l’inviolabilité du front qui ne sera détruit que par la percée du printemps de 1918. Notre échec à Lamorville, l’échec des Allemands aux Eparges et à Mouilly, incitent à généraliser et à conclure que nulle part ailleurs on ne passera ».[12]
Le questionnement sur la valeur des hauts gradés militaires français durant ce conflit :
« Foch redore son blason lors de la bataille de la Marne et obtient les faveurs de Joffre, qui le nomme commandant en chef adjoint de la zone nord. Toutefois, en mai 1915, lors de la seconde bataille d’Artois, l’offensive de Foch est symbolisée par la mauvaise coordination des troupes françaises ».[13]
Le général Nivelles, commandant en chef des armées françaises en 1916 et en 1917, est limogé dès le 15 mai 1917 en raison de ses options stratégiques meurtrières notamment au Chemin des Dames. Il est remplacé par le général Pétain.
Je conclus sur une note positive :
« Au lendemain des combats, l’ensemble du champ de bataille porte les cicatrices des violents combats qui se sont déroulés. Cet immense territoire de 17 000 hectares appelé ‘zone rouge’ (= 28 terrains de foot) est remis à l’administration des Eaux et Forêts pour être boisé (ONF). Toute la forêt domaniale de Verdun est donc issue de plantations réalisées pendant une très courte période (1927 à 1934) directement sur terrain bouleversé, à base de résineux ».[14]
Pour aller plus loin : PDF Mémorial de Verdun, historial de la grande guerre de Péronne, année scolaire 2019-2020
[1] https://www.musee-armee.fr/fileadmin/user_upload/Documents/Support-Visite-Fiches-Objets/Fiches-1914-1918/MA_fiche-uniformes-14-18-primaire.pdf
[2] Vue 22, PDF Cahier pédagogique de la bataille de Verdun
[3] Vue 4, PDF historique régimentaire 255e RI, mémoire des hommes https://argonnaute.parisnanterre.fr/
[4] Page 418, guide vert Alsace Lorraine, édition 2007
[5] Vue 189, journal des marches et opérations, 26 N 729, mémoire des hommes
[6] https://memorial-verdun.artips.fr/fr/champ-bataille/notion-a-pigeon-vaillant-rien-d-impossible-5-2
[7] Importance des réquisitions des chevaux dans la Drôme en 14-18, études drômoises n° 71, 10/2017
[8] Vue 192, journal des marches et opérations 26 N 729, mémoire des hommes
[9] Page 273, Ceux de 14, Maurice Genevoix
[10] Page 8, la vie des poilus par Christophe Thomas, Orep éditions
[11] Vue 40, 26 N 729, journal des marches et opérations, mémoire des hommes
[12] Vue 15, PDF du 288 RI, https://argonnaute.parisnanterre.fr/
[13] 24/08/2013, Foch le pire stratège de la Grande Guerre par Laurent Legrand, journal le Point
[14] Dépliant touristique de Verdun
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