« Il existait deux itinéraires privilégiés, quasi exclusivement masculins, de la montagne vers le bas-pays et du Vivarais en Dauphiné (…). Ce qu’on appelait la Montagne, c’est-à-dire les hautes terres traversées par le Lignon aux confins du Vivarais et du Velay, constituait la principale aire d’émission de jeunes adultes qui partaient s’installer en Vivarais. Ce mouvement est perceptible dès la fin du XVIe siècle. Il se poursuit jusqu’à la Révolution »[1]
Emigration, due au surpeuplement du territoire, qui se poursuit après la Révolution,

Page 8, http://vivelay.org/Vivelay/Documents/darsissac-qq-pages-de-l-histoire-de-la-reforme-en-Velay.pdf
Prenons l’exemple de mon ancêtre Pierre GUILHOT, (Sosa 480), protestant *, granger, laboureur, né le 30/01/1698 à Chanteloube, Chaudeyrolles, décède dans la même paroisse, se marie au Désert le 12/06/1740 avec Marguerite GOUNON.
- « Bonnefoi était vicaire à Saint-Voy. Devenu protestant, il s’enfuit à Genève (…). Vers 1564, le Consistoire de cette ville le renvoie dans son ancienne paroisse, où son ministère est une bénédiction. Les 800 familles de la région, composées entièrement de laboureurs, se rangent à la religion, disent les Mémoires de l’époque ».[2]
Le fils Pierre (Sosa 240), journalier, né le 05/06/1753 à l’Aulagnier Petit à Le Mazet Saint-Voy, décédé avant 1818 à lieu non connu, se marie le 21/03/1784 au Désert les Vastres (vue 112) avec Claire GENEST.
Il travaille chez Demars à Mars (Ex Saint Romain le Désert) dit l’acte de naissance de son fils Jacques.
Jacques, est cardeur de laine, cultivateur (indiqué sur l’acte de naissance de son fils Jean-Louis). Il est né le 13 germinal an 2 (02/04/1794) (vue 34) à Mars (ex Saint Romain le Désert) (15/09/1793 à Mars date donnée sur son acte de mariage), décède le 02/09/1864 à Mars, il se marie à Saint-Front avec Anne NEBOIT.
Les marchands drapiers du bas-pays fréquentent les foires du Velay comme le fait remarquer A. Debard (2013, page 72) et à son mariage Jacques exerce le métier de cardeur de laine : cela l’incite-t-il à descendre plus bas vers la vallée pour pouvoir vivre de son métier ?

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b53095117n/f1.item.zoom
A la génération suivante Jean-Louis s’établit à Alboussière (au hameau le Mas, indiqué sur l’acte de naissance d’Henri son fils) et y décède le 24/10/1867. Il est cultivateur.
Le hameau du Mas est là où est née son épouse Jeanne Victoire VERGIER.

Signature de Jean-Louis à l’acte de naissance d’Henri, vue 17, le 31/12/1858 à Alboussière, AD07.

Je n’ai pas recherché les contenus des contrats de mariage de mes aïeuls *; les montants des dots pourraient peut-être avoir une signification quant aux unions dans d’autres villages.
Les registres de recensement de l’Ardèche débutent à l’année 1911 ce qui crée un manque pour avoir connaissance du niveau social de mes ancêtres.
- Comme l’a fait René Neboit-Guilhot dans son article : « Quand nos aïeux et nos aïeules quittaient leur village sous l’Ancien Régime, revue de la Saga, numéro 98 de 06/2021 ».
Pour la suite de cette partie d’article aller lire : « La basse ville de Valence, installation ancêtres » publié le 15 mars 2022.
« Il y a eu, dans la Plaine de Valence, comme dans toute la vallée du Rhône entre les deux défilés de Tain et de Donzère, une très importante émigration ardéchoise. Temporaire d’abord, elle est devenue définitive, par suite des vides qui se sont produits parmi les anciens habitants, les populations du couloir rhodanien ne résistant pas à l’attrait qu’exerçaient sur elles Lyon et Paris, par suite de la facilité des communications. Dans certaines parties de la campagne valentinoise, les gens du pays estiment à 60 p. 100 de la population le nombre des Ardéchois d’origine. »[3]
Jean-Pierre Ferrier, mon Sosa 26, n’échappe pas à cette situation ; il est né le 08/09/1843 à Saint-Basile et est décédé le 07/09/1926 à Châteauneuf d’Isère. Il s’est marié à Saint-Jean Chambre le 26/06/1869 avec Clémence Pont(s).
Signature de mon Sosa 26 sur l’acte de naissance de son premier enfant le 07/03/1870 à Saint-Jean Chambre :

En 1872 il est avec son épouse à Saint Appolinaire de Rias (recensement vue 13).
Tous leurs enfants ne sont pas nés dans la même commune : il y eu naissance à Chalencon (Antoine Eugène en 1876).
L’annuaire du Département de la Drôme [4], année 1894 page 417 qui donne l’indication de la présence de mon ancêtre à Valence :

Il est arrivé après l’année 1883 (naissance de son fils Louis Jules à Saint-Jean Chambre).
Dans le recensement de Valence -année 1896, page 628- il est noté qu’il habite au numéro 91 de l’avenue de Romans, qu’il exerce le métier de cultivateur : je lis dans le cadastre de l’année 1809 de Valence des terrains de pâture et de terres labourables, ce qui peut expliquer le lieu d’habitation de notre ancêtre.
A l’heure actuelle le numéro 91 correspond au rond-point qui permet de se rendre soit à l’avenue de L’Yser, soit continuer dans l’avenue de Romans.

3P 3615/2 section A1 Polygone ou mas de Rolin, cadastre de Valence année 1809, AD 26.
Dans le recensement de l’année 1911, page 669, je retrouve sa trace au 85 avenue de Romans où il est noté en profession : manœuvre.
De nos jours se situe un pôle universitaire à cette adresse.
En 1921 il habite avec sa femme Clémence Pont(s) au 81 avenue de Romans et exerce toujours la profession de manœuvre (recensements de Valence (vue 693).
Ils iront finir leurs jours chez leur fille Louise Fanely à Châteauneuf sur Isère.
Leur autre fille Justine Clémence, mariée à Paul Frédéric Guilhot, réside en 1920, au numéro 81 avenue de Romans (source : 4 Q 1317, AD26).
« (…) beaucoup d’agriculteurs embauchaient, pour cela, des journaliers. L’embauche se faisait sur la place St Jean, à Valence. Les hommes –souvent Ardéchois- cherchant du travail, s’y présentaient et les patrons venaient choisir ceux qui leur convenaient. Ils se mettaient d’accord sur le prix de la journée. Le marché était conclu. Les foins duraient plusieurs semaines. Les faucheurs étaient nourris et couchaient à la fenière ou à l’écurie ». [5]
Également « Le développement de l’élevage du ver à soie allait procurer à tous de nouvelles ressources. Une activité industrielle en découla. (…) l’entreprise allait occuper une centaine d’ouvriers et surtout d’ouvrières originaires, pour la plupart, du Vivarais. »[6]

Extraites de l’exposition « chemins faisant : une histoire des routes du Vercors », Année 2020, AD26.
A Mirabel et Blacons on utilise la rivière Gervanne : elle fait tourner les moulinages du quartier de Romezon et de l’entreprise Rey au hameau des Berthalais.
L’activité du moulinage consiste à tordre les fils de soie naturelle après la filature et avant le tissage.
Mon Sosa 25 Fanny Louise GIRAUD, ovaliste*, a parcouru plus de 40 kms pour se rendre de son village natal à Mirabel et Blacons où elle y est arrivée après 1866. Elle descend d’une lignée établie à Chomérac depuis plusieurs générations. Elle est née le 20/09/1851 à Chomérac (07), décédée le 19/08/1934 à Montclar sur Gervanne, mariée le 11/05/1871 à Mirabel et Blacons avec Pierre Guilhot.
En 1872 elle vit à Montclar avec son époux et leur premier enfant (vue 15, recensement année 1872, AD26).
Elle travaille en temps d’ouvrière en soie, je suppose à l’usine de soierie du Dérot au bord de la Gervanne.
En 1895 mon aïeule est à nouveau à Mirabel et Blacons au quartier de Sauzet (naissance de sa fille Marie Justine).
* ovaliste : ouvrier qui prépare la soie ovalée destinée à la fabrication des bas, tulles et ouvrages de passementerie au moyen d’un métier en forme ovale. L’ovale est une machine destinée à tordre la soie.
En conclusion je montre comment s’est faite l’émigration dans la Drôme, dans mon arbre, d’une branche vellave et de deux ardéchoises.
Pour aller plus loin : le livre de Paul Perrève ‘La Burle’ ; l’auteur raconte sa vie de médecin de campagne dans le haut Vivarais.
[1] Page 9 Quand nos aïeux et nos aïeules quittaient leur village sous l’Ancien Régime par René Neboit-Guilhot, revue de la Saga, numéro 98 de 06/2021
[2] Page 6 http://vivelay.org/Vivelay/Documents/darsissac-qq-pages-de-l-histoire-de-la-reforme-en-Velay.pdf
[3] Page 150, la plaine de Valence (Bas-Dauphiné) in annales de Géographie, 1914, n°128, pp. 127-150 chez Persée.
[4] Information fournie dans Racines Drômoises, page 23, numéro 124, année 2018.
[5] Page 75, sur le chemin de ma vie, souvenirs par Michel Patouillard, éditeur LMDES, 12/2009
[6] Page 508, regards sur le passé livronnais par Jean-Pierre Bernard, revue drômoise numéro 506 de 12/2002
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